Julia Allard, poète, muse et salonnière
Quand celui-ci meurt en 1897, Julia Daudet n’ait connu du tout Paris littéraire et artistique que comme salonnière. Elle reçoit chaque jeudi tout ce que l’époque compte d’intellectuels et d’écrivains de renom : Edmond de Goncourt, Guy de Maupassant, Ernest Renan, Hélène Vacaresco, Pierre Loti, Anatole France, Herminie duchesse de Rohan, Anna de Noailles… et aussi Raymond Poincaré. Réputée pour les conseils littéraires avisés qu’elle prodigue, louée par Alphonse Daudet qui n’a de cesse de le répéter : « Pas une page qu’elle n’ait revue ou retouchée. ». Une influence reconnue et incontestée qui fait dire à José-Maria de Heredia : « Elle a sa part, volontairement discrète, dans la gloire du célèbre romancier. »
Cependant, dès l’âge de 17 ans, c’est comme poétesse que Julia Allart se fait connaître sous le pseudonyme de Marguerite Tournay. Quoi de plus naturel pour cette jeune fille née de parents amoureux de littérature, tenant salon et poètes à leurs heures.
Épouse, mère de trois enfants, Julia Daudet n’en poursuit pas moins ses travaux d’écriture. Elle confie écrire ses vers « au bas de registres de comptes, au revers d’un devoir de mes enfants »
Critique littéraire au Journal officiel sous un pseudonyme, chroniqueuse au Musée universel, membre du jury Femina, Julia est une des premières lectrices de Proust, grand ami de son fils Lucien. Elle encourage le jeune écrivain.
Après la mort de son mari, elle ne cesse d’écrire et d’honorer sa mémoire. En 1922 elle reçoit est la Légion d’honneur au grade de Chevalier. Elle meurt en 1940 à 96 ans.
Modeste, humble, Julia Daudet n’en était pas moins une remarquable femme de lettres à l’expression riche et lyrique, teintée de gravité parfois, et qu’il serait grand temps de mettre en lumière.
Je voudrais revivre ma vie,
Jour par jour, avec la raison
D’une intelligence asservie,
Que ne tente plus l’horizon ;
Relire tout entier mon livre,
Sans me hâter et sans frémir,
De la page où l’on se sent vivre
À celle où l’on se voit mourir.
Plus d’attente ni de surprises,
Et les bonheurs sans lendemain,
Feuilles roses au revers grises,
Ne feraient pas trembler ma main.